mardi 8 décembre 2009

Quand elle me dit "bonne nuit" avec son accent flamand. On est recroquevillé dans son lit en position foetale. Le contact de ses fesses contre mon bas ventre. Je garde une main sur son sein gauche. Je murmure "Rubens...", fais trainer le S, lui chatouille la nuque avec. Je pense à Leda, au cygne.
Je pleure en rentrant chez moi sur mon vélo parce qu'on a fait l'amour. On a recommencé plusieurs fois avant de s'endormir (j'ai le soleil dans les yeux, un soleil blanc d'automne, il rebondit contre la chaussée humide et une barre vient traverser mon front) J'ai rarement été aussi libre dans ma tête qu'à ce moment là sur mon vélo sous la pluie, sans ombrelle. J'ai les pieds secs. Elle me dit souvent qu'elle aime mes chaussures. Je lui dis que ça me fait plaisir. C'est elle qui m'a demandé de l'embrasser ("come on, kiss me" toujours avec l'accent), j'ai pas refusé parce que j'y songeais depuis un moment déjà. Depuis qu'on s'est retrouvé tous les deux dans ce café chic où j'ai renversé mon verre de rouge sur la nappe (elle a rit, ce rire résonne encore quelquepart, dans mon artère pulmonaire)
Elle a de longs cheveux. Châtains. Certains s'accrochent dans l'anneau que j'ai à l'oreille gauche. Elle est grande, porte des talons. Je lui demande si elle désire que je lui enfonce (un doigt) dans, les (fesses). Elle rit mais je ne le fais pas. Je lui demande comment s'appelle son petit copain. "Rahol" je crois comprendre. Elle me demande pourquoi j'ai besoin de savoir ça. J'en sais rien c'est juste pour mettre un visage sur ce type. Avec un prénom on peut voir un visage apparaître en fermant les yeux.
J'avoue qu'en fait ce "Rahol" me pose problème. Mais ça va, je me dis qu'on va se voir comme ça de temps en temps, dans sa piaule comme des amants. J'aime bien cette idée (Jeanne Moreau chez Louis Malle) On pourra regarder la troisième saison de Mad Men ensemble. Je pense qu'à elle aussi ça lui ferait plaisir. J'en sais rien en fait mais je l'espère. Partager un bol de soupe.
Elle est triste quand elle me parle de son père. Il s'est fait la malle, personne ne sait où il est. Il était enfermé en hôpital psychiatrique à cause de sa nouvelle femme qui le rendait taré, il s'est échappé il y a deux semaines. Aussi, la voisine de sa mère s'est faite renverser par une bagnole récemment. Elle a les yeux qui brille quand elle me parle. La fille avait 15 ans, elle est morte sur le coup. Une pauvre enfant foudroyée sur le goudron. Une marre de sang s'est formée autour de son crâne. Je lui dis que l'année dernière j'ai perdu un ami. Il est tombé. De pas si haut pourtant. Elle regarde loin dans mes yeux, ses lèvres tremblent. Elle me demande pourquoi je lui dis ça.
Je pédale, repense à tout ce qui s'est passé entre nous depuis hier 18h39 (pour une fois j'étais en avance, c'est elle qui m'a fait attendre 9 minutes) J'y crois de moins en moins, je brouille un peu les pistes, la pluie aide. Une légère brume flotte au dessus de la route, mes roues la franchissent avec désinvolture. Un rêve étrange, comment en est-on arrivé là, cette fille est si fantastique. Sa silhouette est parfaite, ses dents qui pénètrent la peau de mon dos. Je lui mords les lèvres, elle me tord les lobes avec ses orteils. Ses pieds sentent bon, je lui demande quelle lessive sa mère utilise. Elle me répond que sa mère ne fait pas sa lessive.
Le matin Nina Simone envahit la chambre, la fille arrive avec un bol de mueslis. J'attends dans le lit. Elle est nue, avec ma paume je longe la ligne de ses hanches, tout ça ressemble à un slow des Orchids. Peut-être que j'irais la rejoindre à Tokyo cet été. Elle sera quelque part en Suède l'année prochaine. Ou à Berlin. Mais c'est loin tout ça. Les passions brûlent si vite.
Je vais à la cathédrale. Quand je ressors j'ai quelques cartes postales dans la poche intérieure, ce sont des peintures de Rubens (Rubens aimait porter le chapeau large) J'en enverrai une à ma grand-mère.

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