lundi 10 octobre 2011



getting nervous
(c) Cameron Frye
2011
Le Sédatif Tiber / l'Elixir Spark


Vers le soir j'étais seul dans le soleil rafraîchit. Pieds nus dans l'estragon, l'herbe du dragon. Il fallait un certain temps pour parvenir ici au calme, ainsi quand on y arrivait c'était pour prendre son temps, on ne repartait pas tout de suite.
Abrité longuement sous les arbres, au bord de la rivière. C'était ça. Pour éviter les mauvais rêves, pour la guérison de toutes les affections nerveuses (épilepsie, chorée, hystérie, névroses, névralgies, Danse de St-Guy, neurasthénie) le sédatif Tiber est souverain. Le succès immense de ce médicament tient du dosage mathématique de sels bromés, à leur pureté absolue associés dans un dépuratif d'une qualité supérieure.

La Danse de St-Guy. Ses pas sont complexes, car elle réclame des mouvements trop désordonnés. Demeurez surtout bien inattentif, impressionnable, maladroit, capricieux. Le danseur ne doit pas serrer les mains qu'on lui tend. Le danseur est sombre, irritable, taciturne. Il ne se souvient plus. Ou de pas grand-chose.

De la caillasse blanche sur quelques rives, je l'empilais, faisais des tas sur des tapis de scolopendre.
Des regards appuyés d'hommes antiques en tête j'avais le sommeil très agité. Une femme agile aurait pris les choses en main, je fantasmais sans cesse, me masturbais sur le perron face au broussailles fouillis ma tête mon dieu à quoi était dû ces marques descendant du crâne vers la glotte, je prenais des bains tout le temps dans la rivière j'agitais constamment la tête je m'asphyxiais dans le four de la cuisine plein gaz déplacé dans la véranda je méritais bien le procédé Sylvestre, la traction rythmée du Dr Laborde.

C'était sans importance. J'arrivais dans ma jungle loin des côtes, loin des connards. Plénitude, zone de contact, quelle variété de silences et parfums! J'entrais dans l'ombre des dieux serpents, j'installais des édifices assez stupides.
Plus tard, tout à l'heure, je sentirai des liens se nouer autour de mes chevilles, s'enrouler en remontant jusqu'à cette cage thoracique. Je la laisserai exploser et irai me rouler dans les profondeurs de la rivière. Grand effort, remède contre? Je guérissais ma perte de repères.

Le Dr Laborde venait me rendre visite au départ. Il venait avec des bouquets de fleurs. De l'Aigremoine, du Romarin, du Polygala. Il venait là et baisait avec une fille sur mes tapis de scolopendre en foutant en l'air mes tas de caillasse. Je regardais attentivement son visage quand il chevauchait la fille (Dominique? Géraldine? Camille? son nom m'a échappé) un visage crispé et triste. Ses yeux brillaient lançaient des étincelles de toutes couleurs. Je ne comprenais pas ce délire, et me mettais immédiatement à chier près de la salope.

Je baillais trop. L'Elixir Spark m'aidait vraiment dans ma digestion. L'Elixir Spark calme et repose le système nerveux et rend l'esprit libre. Il est en partie composé de plantes sudorifiques qui expulsent avec la sueur les substances âcres et corrompues.



Nouvelle extraite du graphzine Le Sédatif Tiber / l'Elixir Spark par Cameron Frye (Ronan Riou)
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L'étang des truites.
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"Fantastique!" se dit Grange de Léoncel, dès que l'astre du jour paraît.

Le premier épisode montre généralement comment les personnages deviennent des guerriers, alors que le deuxième traite de la difficulté à travailler en équipe. Parfois, le début s'étend en longueur, les héros n'obtenant certaines armes ou leur robot géant qu'au bout d'un certain nombre d'épisodes.

On sent alors déjà fortement les vapeurs de l'étang, ça pue comme à Byzance.
Grange de Léoncel, fils de cataphractaire, avec ses amis, une bonne partie de la classe, et quelques filles. Quelques Soeurs. En plein air. Se répartissent, le soleil fait son arrivée tranquille, tous attentifs aux bergers qui entament la prière. Les garçons portent des vestes longues et des chaussettes en soie, des sandales en cuir.

Là-bas, là-haut car nous sommes en vallée, il surplombe le plan incliné, les gorges, la vallée aux prés: le col de la Bataille. Violé par les grands vents du nord et du sud. Humble. Fidèle, patient et téméraire. L'encyclopédie raconte qu'il créé des tensions ce col de la Bataille. Les moines s'y défoncent à coups de hache. Choc de titans, les pertuisanes transpercent des joues.

Pour l'heure, un beau jeudi de juillet, Ortner siffle, des drapeaux aux sommets des arbres, un temps de noce au champ; les glanes, nuages de terre-je reconnais ce... deux boucles de cheveux attachés avec un ruban; tu t'endormais souvent la tête sur le livre ouvert-, les glanes, Jeannot glane au champ, il repense à Jeannette, qui elle, attendra que l'ombre des peupliers s'allonge sur la prairie et que le vent du soir rende plus supportable la chaleur de l'été. Elle s'étendra dans l'herbe, les brins s'écraseront doucement sous son poids plume. Jeannette dans son costume collé rose.
Les élèves sont nombreux on s'en rend compte quand on vient se pencher à proximité. De jeunes figures avec les voix tordues. De jeunes humains bruyants mais polis. Ils écoutent s'écrouler le temple hâtivement élevé par les aînés sur les plateaux.
Et là à cet instant le docteur Henri Ulrich arrive, des foulées franches, à l'aise dans ses grosses Cortez. Les lièvres communs décampent vers les bois. Ce type ce docteur fréquente la classe de Grange de Léoncel, il accompagne les élèves dans leurs activités sportives. Il vit dans la forêt en pente plus loin, au pied d'une butte en bas du col. Ulrich arrive, et il déballe, il dicte:

"Les oiseaux et gibiers ne parlent pas comme nous à l'abri des vieux murs. Mon cher Grange, entendez. Aujourd'hui le point d'eau des Lohengrin abrite de très nombreuses espèces rares ne vivant que dans les marais, comme la Gratiole officinale et le Piment royal pour la flore, les touristes viennent mâcher tout ça. Aussi, le Butor étoilé, les Marouettes et la Sarcelle d'été pour les oiseaux et le Campagnol amphibie pour les mammifères."

Grange de Léoncel qui avait levé la tête vers le docteur, s'est accoté contre le châtaigner, abandonne toute activité et sombre dans une sieste. Ortner secoue la tête et râle, la voix est un geignement enfantin, angoissé. Les rats des champs ont fait leur entrée ils rigolent s'énervent avec les enfants. On s'éloigne derrière la zone d'arbres, c'est comme ça, le reste s'éloigne. Jeannot et le docteur, docteur pataud, ils s'enfoncent dans l'épaisseur du gaulis. Après quelques secondes, un choc sombre, tout à côté, déflagration sèche écrasée contre une plaque de béton qui dépasse de sous la terre. Jeannot remplit un quart de vin et le pose sur la mousse.
"C'était une détonation d'espingole" Jeannot dit.

À nouveau ça pétarade, ils sont embusqués dans les taillis mais on les vise de loin. Des étincelles. Puis l'orage ça tonne on entend ça tonne déjà à Léoncel par dessus. Jeannette la frangine claque des dents, la nuit va arriver peu à peu à présent, Jeannette veut être rassurée elle reproche à Jeannot de... il ne s'occupe pas d'elle, dit-elle. Jeannot boit du vin il se fiche de Jeannette, Ulrich le docteur a retiré son froc, et c'est Jeannette qui tient l'espingole, elle veut tout faire éclater.

Une amie à quelques feuillages parle d'un étang de truites. Louise? C'est bien Louise. Elle en parle tout bas, ce sont des murmures qui filent à travers les broussailles. Sur les berges de ce point d'eau- l'étang des truites, on le sent d'ici ça pue, il n'est vraiment pas très loin (quelques kilomètres au sud, le domaine Lohengrin, zone marécageuse, au beau milieu de joncs, carex et végétations ligneuses)- les coutumes sont similaires à celles qui perdurent au Maroc, on cueille certaine plantes médicinales au solstice du printemps, à l'aube du vingt-et-un mars, de manière à capter des effluves de la sève montant du sol. L'amie se rappelle car elle y est allée dans l'étang des truites. Elle y est allée à poil, poissons et amphibiens s'y reproduisent, Louise accroupie laissait les choses entrer à l'intérieur.

Un vent mélancolique se lève, s'envolent les parfums du soir, les crapauds au bord des chemins bondissent quand on allume. La citadèle, à peu près dressé comme un hampe à l'horizon vers une étoile dégueulasse. Parfois le disent on est vraiment ailleurs temporellement, on évoque le Moyen-Âge, l'époque Byzantine ça pue.

Derechef l'amie Louise parle de coutumes. Elle se redresse sur son coude, du bois sec éclate. Le Maroc n'a plus grand rapport. Il est question d'étrange, de vêtements empruntés à la littérature japonaise, des vêtement de héros. Bien rouge, bleu et jaune sont majoritairement masculins couleurs, le jaune a aussi été fréquemment utilisée par les guerriers des femmes depuis Choudenshi Bioman commencé la tendance d'avoir deux femmes dans une équipe. Choujuu Sentai Liveman, Chojin Sentai Jetman, Ninpuu Sentai Hurricaneger et Mahou Sentai Magiranger sont le seul super titre Sentai à avoir des femmes guerriers bleus. Princesse Shinken Red de Samurai Sentai Shinkenger est le seul guerrier féminin rouge.

L'orage gronde juste en haut cette fois, il avance lourd la menace. Semble s'aplatir ici sur les mottes, Grégoire et Ortner sont lamentables la peur. Des éclairs ça zèbre la vallée illumine blanche. Chez les enfants (ils ressentent le danger, le mal arriver) on invoque la créature marine, comme un requin, kraken ou un dauphin, ou alors un stégosaure à leur rescousse, Olgoï-Khorkhoï, Kurobōzu, les bergers viennent gicler la prière.
Jeannot l'insouciant sur la rondache joue avec son poignard, il le fait tourner en l'air et le rattrape par la lame, dangereusement les mains pissent. Généralement autour de l'épisode 19 la situation change quelque peu ; un nouvel ennemi arrive (Salomé dans Battle Fever J), ou un nouveau héros (Dragon Ranger dans Zyuranger), ou on en apprend plus sur les méchants (Docteurr Mad dans Bioman).

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L'étang en question est un marais à l'époque. Le marais l'étang des truites n'abrite alors qu'une seule truite, mutante immortelle, les dernières étant jadis mortes avec la rivière. Bien des années plus tard, la rivière revient avec des truites mais la truite mutante les dévore.

(de la Jusquiame) Gémir à la fontaine



La pluie vient de s'arrêter. Je me réveille sur le ventre, à quelques mètres du grand ruisseau, abrité par la bâche imperméable suspendue aux branches de l'érable. J'ai choisi de coucher sur des touffes de véronique. Ses feuilles dentées à poils laisseront leurs empreintes sur mes joues jusqu'à demain. Ma sieste a trop durée, la digestion était éprouvante. C'est ce mouton, partagé avec la Jusquiame plus tôt dans l'après-midi, vers quatorze-heure.

Les narcisses d'automne déménagent, affolés, ils perdent la tête malgré eux. On les sent dans les prés alentours, je perçois leur fuite nerveuse. De l'activité dans les prés, dans des mottes de terre mouillée.
La Jusquiame n'a pas attendu mon réveil, elle a filé en laissant son baume. Dans le fertile verger, l'allégresse subsiste encore.

Je parlais ce matin avec l'Atropa Belladona, conversation avec la Belle dame. Nous avions tous deux le coeur tiède, les fesses trempées dans le bassin de la fontaine.
Belle dame. Elle avait pleuré toute la nuit durant, et elle se présentait là, devant moi, des cristaux blancs sous les cils, légers et soyeux, très solubles dans l'alcool mais moins dans l'eau. Sa moue remplacée par des lèvres d'abord rouges, qui devenaient ensuite d'un violet foncé ressemblant à des petites cerise.
D'après le docteur A. Narodetski, ces cerises contiennent un poison violent, l'atropine. Je résistai alors à mes folles envies de lui nouer ma langue autour du cou ou de lui croquer la bouche d'un claquement de dents. L'atropine est extrêmement active et peut déterminer des accidents très graves même à la dose d'un centigramme.


Les épaules nues de l'Atropa Belladona, la fraîcheur des bourrasques. Le soleil blanc et l'orgue dans la chapelle.
Pendant cette pause matinale qui s'étirait, nous vîmes sur le fin gravier du jardin arpenter de vieux hommes. Des lots de fanions attachés à leurs manches.
"La kermesse la semaine suivante" disaient-ils. Il fallait préparer la zone, organiser des stratagèmes.
Ces hommes étaient les mendiants. Ils avaient mal à l'estomac, on le devinait à leur démarche abrupte et hésitante. Ils buvaient le Koumis dans des biberons-tasse, le lait de jument fermenté. Atropa m'expliquait. Mais mon esprit s'égarait déjà vers les jupons de la Jusquiame, cette salope dont on parlait tellement au village ces derniers-temps.

Mes coups de têtes et mes désespoirs m'ont amenés (Marcel C. avait bien assez insisté sur ce point en fin d'après-midi, durant le pot qui suivit la noce, et dans son ivresse il avait raison, Marcel C.) ils m'ont amenés, sans revendication, à tourner le dos à ce que je prenais jusqu'ici pour ma vie.
"Je veux dire son agitation" répétait Marcel C. Marcel C. la mine déconfite. L'Herbe aux gueux devant sa figure.
Plante dangereuse: son usage peut occasionner la mort.

Les mendiants se frottent le corps avec son suc pour déterminer des ulcères afin d'exciter la commisération.

L'agitation de cette vie. Je souhaite toujours me sentir disposé à. Me faire spectateur / devenir acteur du subtil, de l'utile, de l'exclusif, de l'agréable.
Il fallait que je rencontre cette Jusquiame. Je laissais l'autre dans la fontaine et me pressais, trottant à la sauvette vers le bas du village. Je dévalais vivement, passais le pont, croisais le curé, la messe était dite, je hochais la tête sourire.

Je voulais tellement lui renifler les fesses à la Jusquiame. Fouiller sous ses fleurs jaunes à veines pourpres, ses feuilles blanches et velues. Lui renifler les fesses à la Jusquiame, car elle exhale quand on la frotte, une odeur vireuse désagréable, comme la Belle dame. La Jusquiame je la trouvais au bout d'une demie-heure de course, allongée dans l'herbe et les bleuets, nue sous sa robe, des touffes de véronique à portée de la main.

Le clocher qui sonnait midi, le grand ruisseau qui s'énervait dans son lit près des moutons.



( nouvelle extraite du graphzine (de la Jusquiame) Gémir à la fontaine par Cameron Frye )