dimanche 10 janvier 2010

Le diable entre en jeu, Ronan lasse une chaussure, les lacets sont si fins? Passe sa main gantée de laine sur la vitre d'une auto enneigée. Ajuste son col de chemise, remonte sur sa bicyclette en écoutant la chouette (le hibou?)
Avance prudemment, verglas démentiel, nuit de janvier. Bise polaire, sèche, dans le front, le soulagement (du whisky, quelques heures auparavant, avec des marins, des idiots)
Interpelle une jeune demoiselle qui roule, demande son chemin. C'est le sens opposé, il fait demi-tour, remercie. Elle sourit sous son bonnet rayé rouge et blanc.

Monte les vieux escaliers, c'est au premier. Porte entrouverte, des rires éclatent. Retrouvailles, des bises, quatre chacun. Merry new year.
Appartement immense, l'hôtesse y vit pourtant seule. Fille de riches diamantaires russes installés à Anvers.
"Celle qui est là-bas fête son anniversaire"
Elle porte une robe noire au col d'or, elle est jolie, son sourire.
Salue cet écossais de Glasgow. Sympathique et simple, veste queue de pie, barbe peu taillée, cheveux en bataille. Accent (couteau).

En se dirigeant vers le bar, croise Robbie. Robbie le dévisage, les yeux ouverts. En grand. Ne s'y attendait pas, du tout.
"Joëlle m'a appelé vers 1h"
"Ah!"
Robbie lui dit que Lucifer est là, également.
"Ah!"
Embrasse son ami Robbie. Puis, Frederik le petit ami de Robbie (reprise de relation, douloureuse trêve achevée, deux mois, cruels, se font mal, c'est de l'amour)
"Bonjour"
Une bougie brûle sous une feuille de papier cartonné rouge. Donne de la couleur à la pièce. Un cercle marron se forme progressivement au dessus de la flamme.
Il tourne la tête parmi les gens autour. Des gens de la mode, de charmants garçons, homosexuels, filles sublimes, sous leurs ombrelles, souffle des éventails dans leurs cheveux soyeux, chez Rubens, tous habillés, de bons goûts.
Puis il la voit, (Lucifer), croise vaguement son regard. Détourne vite les yeux (peur de perdre la vue) sur ses nouvelles chaussures aux lacets fins. De la neige fond encore dessus. Verse du vin dans le verre, secoue la tête, la lève vers Robbie et sourit. Sourire maladroit.
"T'es pas content de me voir Robbie?"
"Je ne m'y attendais pas"

S'assied sur les marches qui séparent le salon en deux. Un rideau replié. Près de Joëlle et son Frederik. Robin H. le frère jumeau danse avec une fille coiffée d'une toque en fourrure grise. Danse articulée. Elle a la peau blanche les bras minces de grands yeux aux longs cils noirs. Robin H. laisse traîner ses mains sur les hanches de la jeune fille.

Ensuite.
"Jelena Kovacevic"
Elle lui tend la main. Il l'attrape, sourire maladroit (les siens le sont tous)
"Ronan Riou"
Elle avance la tête. Finalement. Echange de bises, elle est si jeune, pure. C'est une vrai lolita. Elle en a assez de cette ville. De ces gens. C'est faux elle les aime. Mais elle veut du changement. Aller en Suède. Avec sa toque en fourrure grise.
Jelena est belle et étudie la photo à l'académie. Des papiers à rendre lundi. Elle mitraille (quatrième pellicule ce soir)
Ronan, ce flash lui irrite les yeux, se venge, l'emprisonne dans son jetable (celui orné du chaton qui court, acheté avant les vacances de Noël, avec Robbie, en se rendant chez Lucifer, boire du vin chaud, s'offrir des cadeaux, marquer son retour en France, avec Robbie il parle de se rouler dans la neige en janvier, il parle d'un poney qui pleure dans son champ, mais il n'aurait pas dû, aller boire du vin chaud, avec Lucifer, ça lui fait du mal de la voir, elle est trop complexe, son père n'a toujours pas donné signe de vie, oui, mais ce Rahol)

Une lourde masse s'écrase sur le plancher. Un verre s'envole. La masse se relève (va bien, s'est pris les pieds dans le tapis, tâché d'alcool par sa faute)
La musique est arrêtée, le disque a sauté.
Verse du vin dans le verre, sur les planches. Lucifer arrive, l'embrasse, posant une main sur sa joue. Le souffle froid de l'enfer s'engouffre au creux de son oreille, Ronan frissone.
"Bonjour Lucifer"
Deux petites cornes sortent de son front, il n'avait pas encore vu ça. Elle s'éloigne, cette petite conne. Se fait aspirer par les gens. Lui il va retrouver Maxim H., le frère jumeau. Ils ont des lunettes de marques différentes. Maxim H. a les joues creuses. Robin H. a un peu de ventre. Il les reconnaît toujours. Quand ils n'ont pas enlevé leurs pardessus.
Jelena les rejoint. Ils rient.
"Ah!"
Ils rient. Maxim H. veut rentrer chez lui sous la neige. Il doit écrire demain matin, être créatif, il n'arrive à rien avec une gueule de bois.
"Salut Maxim H."
Ils rient.
"Ah!"

Jelena frotte sa toque en fourrure grise contre sa joue, il aime.
(Ronan pense, allongé sur les serviettes en coton roses ou bleues, il vient de sortir du bain, sont corps est tout chaud, sa mère frotte ses petites fesses, il rit, sa mère aussi elle rit, en découvrant ses dents, son père il fait du café dans la cuisine, il rit aussi car il les entend rire)
Jelena lui montre le chat qui pend sur son torse, au bout d'une corde, entre ses petits seins. Coup de coeur pour les seins, pour la fille, une enfant. Effacer Lucifer.
Ronan doit courir, endurance avec la classe, mais il a une entorse. Il ne tente pas. Le maître est furieux mais Ronan n'y peut rien après tout. Il aurait voulu ne pas l'avoir l'entorse. Il reste assis à regarder ses camarades. Des gens s'en vont, d'autres arrivent. Bises à Jelena. Parle avec ce japonais. Rit. Un pakistanais porte un lycra, sa mère l'a envoyé vivre en Allemagne quand il avait 5 ans. Il étudie la haute couture. Propose d'essayer le lycra.

Dans la chambre. La pièce est immense, à vrai dire, c'est effarant. Il fait sombre les volets sont ouverts mais la lune a disparu sous la neige, l'éclairage public n'éclaire pas, les deux hommes s'étreignent, le pakistanais rassure, dit qu'il ne forcera pas les choses. Son pouce caresse le menton de l'autre, ils enlèvent leurs vestes, s'embrassent, s'allongent sur un divan, le pakistanais est passionné, passe ses mains sous la chemise, l'autre l'est moins mais il poursuit, emmêle ses mains dans les longs cheveux noirs broussailleux, ouvre les yeux regarde les flocons tomber, la porte en bois blanc grince lorsqu'elle vient à s'ouvrir, une tête apparaît, c'est l'hôtesse. Elle fait une réflexion, la voix sèche, l'accent russe.
"Sur mon lit"
Elle fouille quelque part et ressort en marchant vite, marchant avec les jambes.
Le pakistanais offre une cigarette, ils se relèvent. Au salon, croisent une allemande qui noie sa robe sous des larmes amoureuses, la marque d'un ancien anneau dans le nez, elle fait voir ses cordes vocales. Ronan veut jouer, du violon, pourquoi pas. Les envies pourrissent, tire puis écrase la cigarette, sur un abat jour. Le pakistanais veut dormir avec lui, il refuse, bondit par la fenêtre et court au loin en oubliant de laisser des traces dans la neige. S'il pouvait égorger un être humain dans la neige au petit matin, égorger un être humain dans la neige. Ou un renard, mais pas l'oie.

Détour par chez Lucifer (mais pourquoi?) Appuie sur l'interphone, une deux trois quatre, hurle son nom en levant la tête vers le ciel noir mazout, les flocons tombent dans sa bouche ouverte, forment un blanc tapis sur sa langue. Le nom de Rahol figure sur la boite au lettre. Il arrache l'étiquette. Celle sous l'interphone aussi. Sur son vélo il tourne à toute vitesse autour d'un arbre public, il pourrait déraper.
Mais.
Ronan va recommencer, tout depuis le début, nouvelle idylle, bientôt, bricoler quelque chose, avec cette enfant rencontrée, nuit de janvier.

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